La nouvelle la plus populaire du début
d'Octobre est sans aucun doute la mise en garde du président de la
Commission du budget de l'UE, le Français Alain Lamassoure, des pays
membres afin d'éviter la possible fin du très aimé projet Erasmus.
Cette nouvelle choquante, à mon avis,
a besoin de quelques éclaircissements et des détails.
Le programme Erasmus est acronyme de
EuRopean Community Action Scheme for the Mobility of University
Student, il est né en 1987 grâce à Frank Biancheri, créateur de
l'association AEGEE-forum, et au soutien du Président de la
République française de l'époque, M. François Mitterrand.
Jusq'à présent , le projet a impliqué
plus de 2,5 millions de jeunes qui ont étudié pendant une période
de 3 à 10 mois à l'étranger. Plus de 4000 universités dans 31
Etatsqui ont adhéré au programme Erasmus en faisant connaitre si
largement ce phénomène .
Les étudiants en mobilité apprennent
ou améliorent une ou plusieurs langues étrangères, en vivant en
contact avec la diversité sociale et culturelle du pays d'accueil,
en vivant en contact étroit avec d'autres jeunes de toute l'Europe
tous les jours et et ils apprennent ainsi à se débrouiller .
La sociologie nous apprend que le
bonheur est la pleine appartenence à un groupe social et en erasmus
ce groupe social est en fait le groupe des étudiants Erasmus avec
qui on partage la nostalgie du pays d'origine, mais aussi et surtout
le désir et la passion de découvrir que l'esprit humain peut
vraiment s'ouvrir à l'infini.
L'indépendance qui rencontre la
liberté, la culture qui court avec les loisirs .
Dans un monde où, trop souvent, les
jeunes ne se rencontrent que sur les réseaux sociaux et on devient
de plus en plus égoïste et ethnocentrique, l'erasmus est le lieu où
l' on apprend à vivre avec la diversité et à l'apprécier
pleinement.
Moi aussi, j'ai vecu cette expérience,
l'année dernière, dans la capitale de l'Occitanie, à Toulouse.
J'ai rencontré des gens formidables qui ont partagé avec moi les
intérêts et la passion de comprendre la complexité du monde, dont
le nom restera à jamais gravé dans mon cœur.
J'ai appris leur culture, leur humanité
et j'ai connu les différences qui composent cette belle mosaïque à
laquelle nous avons donné le nom de l'Europe .
Avant il y avait le service militaire
obligatoire, une expérience dans laquele on vivait loin de la
maison, avec des règles strictes à suivre et une discipline à
apprendre. On rentrait à la caserne en adolescent et on sortait en
un homme.
Maintenant, au XXIe siècle, nous avons
cette chance extraordinaire, la mobilité internationale.
Avant l'Erasmus on est italien,
français, espagnol, allemand, néerlandais, anglais, portugais, et
après Européens.
Les détracteurs de cette expérience
fondamentale de vie disent que c'est un lieu de perdition, d' alcool
et de folie.
Conscient du fait que tout excès est
nuisible, je leur réponds en citant celui qui a preté son nom au
projet, Desiderius Erasmus, philosophe humaniste chrétien des
Pays-Bas au XVe siècle, qui dans son ouvrage le plus célèbre,
L'Éloge de la folie, dit:
"Les meilleures idées ne viennent
pas de la raison, mais d'une visionnaire folie."
Si nous voulons construire une Europe
toujours plus présente sur la scène internationale, compétitive et
crédible, unie, nous devons lui donner une identité et une cohésion
interne, qui à mon avis peut être atteinte en une seule manière:
la connaissance réciproque de ses peuples.
Le programme Erasmus unifie l'Europe,
il lui a présenté ses différents peuples, il les a unis au nom
des valeurs communes: la liberté et l'égalité, non plus de
méfiance , mais d'amitié.,
Dans le petit, rien n' est atteint,
mais si on pense que déjà 2,5 millions d'Européens ont partagé un
an ensemble et ont des liens étroits, on ne peut être que
optimiste.
Alain Lamassoure, que j'ai connu lors
d'une conférence des Jeunes européens à Toulouse, association dont
j'étais membre pendant mon année Erasmus, a était très
intelligent à citer l'Erasmus dans son discours.
En s'appuyant sur un phénomène
largement répandu et aimé, il a voulu sensibiliser le public sur un
problème encore plus grave: le manque de fonds provenant du Fonds
social européen, qui finance la mobilité des jeunes européens.
Ce fonds est destiné à aplanir les
différences économiques entre les pays les plus riches et les plus
pauvres de l'Union.
En 2012, le Fonds social européen a
rassemblé 129 milliards, mais pas assez, il en faut 139.
L'espoir est la mesure corrective qui
sera présenté le 23 Octobre, qui propose d'ajouter les 10 milliards
manquants.
Le FSE est essentielle à la cohésion
sociale et interne de l'UE et il a absolument besoin de ces fonds.
Malheureusement, certains Etats
européens ont déjà dit non à la demande de rajouter des
contributions à la FSE. Ils sont le Royaume-Uni, la France,
l'Allemagne, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et l' Autriche.
Si on abandone le projet Erasmus et,
plus généralement, on limite l'importance économique et financière
du FSE , on aura une Europe toujours plus faible et on saura à qui
donner la faute.
Vive les Etats-Unis d'Europe!
Francesco Piccat
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